Ce non amour, qu’est-il ?
Un père qui vous ignore et vous renie alors même que vous n’êtes qu’un graine en gestation dans une chair in-accueillante. Une mère qui ne veut pas être mère mais que l’on force à être mère par convention, ou désir de coller à un programme du système…par une certaine ambition de ne pas être fille mère et qui devient mère d’une fille qu’elle hait et qu’elle accuse de lui voler sa vie !
un système qui vous observe dès vos premiers pas vers lui et qui vous place en illégitimité pointant votre différence de n’être pas bien née…
ce système si bien rôdé qui semble être là pour vous mais qui en fait n’est là que pour mener son cheptel au sérail. Il vous fera sentir à chaque instant que les écarts de pensées, de conduite ne seront pas tolérés. Il vous pliera vous cassera vous façonnera à son gré comme une glaise molle que l’on maltraite jusqu’à ce que sa forme soit établie selon les normes en cours pour le bien de son fonctionnement…
dans le troupeau tu resteras, les lignes de conduite tu suivras, pas trop curieuses tu seras et bien obéissante tu deviendras… voilà le programme de base !
Je suis née à une époque étrange, celle où le plaisir de vivre et l’amour libre exultaient une génération d’après guerre qui se cherchait dans le psychédélique, la liberté sexuelle et la musique planante ou rythmée de guitare électrique.
Je suis née dans un monde étrange qui transmutait la violence en liberté d’exister alors que le leurre du progrès s’installait. Quand je suis arrivée dans ce monde, une certaine mode courait dans les maternités, vous savez de ces modes qui d’une année à l’autre changent selon l’expérience du moment pour changer le court des choses. Bref, la mode de cette année là était de séparer les nourrissons justes nés de la mère, de tout contact avec les géniteurs. Placés en nurseries avec d’autres nouveaux nés, livrés aux mains expertes sans affections d’infirmières obéissantes, ils n’avaient pas de contact affectif ou rassurant, juste les besoins primaires assouvis. Ces premiers instants de vie où la dépendance affective s’installait avant étaient maintenant forgés dans un certain abandon permettant ainsi à ces êtres fragiles de s’endurcir aux conditions rigides du système. Vous imaginez bien que mon regard sur le monde à commencé dans la solitude du rejet et du conditionnement. Ça commence bien me disais je en mon fort intérieur ! (oui je me parlais à moi même dès le départ!)
Donc ce non amour s’est tranquillement installé dès mes premiers instants sur terre et donc dans mon chemin de vie comme un maître suprême. Le père géniteur a regardé sa graine et l’a éliminé de son espace comme un fétu de paille qui déshonorerait son sang bleu, sa lignée si parfaite.
Soit…
et la mère qu’en est il ? La mère ne voulait pas être mère, j’aurais pour un peu respecté son choix mais voilà quand vous êtes graine, vous n’avez pas le droit au chapitre ! Et cette femme non plus n’a pas eu droit au chapitre étant mineure elle ne pouvait prendre de décisions par elle même et quand bien même elle eut été majeure ce genre de décision était un crime contre la société ! Donc je suis restée là un peu au chaud dans ce ventre hostile, même si, vous imaginez bien, les pensées, les idées et paroles de l’humaine et son ventre me sont parvenus à peine étouffées par le liquide dans lequel je baignais, un liquide qui se teintait souvent d’une amère émotion de non amour.
Soit…
alors pourquoi, pourquoi ce non amour m’a sauvé ! Car c’est ainsi qu’aujourd’hui je construis cette idée dans mon espace, le non amour qui m’a été donné sans retenue aucune m’a offert un précieux cadeau, une inestimable possibilité dans l’incarnation présente, la liberté absolue de m’aimer sans être redevable à quiconque ! Pas d’amour parental pas de dette ! Pas de dette pas de karma ! Pas de karma pas de contrôle ! CQFD !
Je ne vous cache pas que le parcours pour arriver à cette croyance s’est avéré plein d’obstacles et de plongée en mon espace mon fort intérieur, j’ai parcouru et visité chaque recoin de mon royaume et notamment les égouts de la dépression et des blessures, j’ai observé mes lagunes sombres nourries de pensées terribles… je vous en jette quelques unes émises le long de mon chemin...
je ne suis pas aimable, je ne suis pas légitime, je ne suis pas bien ou belle, je ne suis pas comme les autres, je ne suis pas assez ceci ou pas assez cela, je ne suis pas obéissante ni gentille… je ne suis pas tout ce que je devrais être ou tout ce que l’on me suggère d’être…
alors que suis je… si je me remémore les suggestions qui m’ont été données en vrac au cours de ma vie :
je suis une bâtarde, je suis une cause perdue, je suis folle, je suis différente, je suis dure et méchante, je suis têtue, je suis quelque chose que l’on ne comprend pas, je suis trop ceci ou trop cela…
je suis trop rebelle donc trop belle, c’est toujours mieux que d’être moche et remoche !
Et bien aujourd’hui je suis ce que je suis, indéfinissable, insaisissable, incompréhensible voire perchée pour certains (pour beaucoup même) ! Il est vrai qu’être perchée suggère que mes ailes ont poussé, qu’elles m’ont permis de m’élever des égouts de basses fosses dans lesquels j’ai grandi et j’ai pu à tire d’ailes m’envoler vers un autre niveau. Quitte à être perchée je peux observer avec une certaine perspective ce monde dans lequel je navigue. Et si mes ailes ont pu pousser c’est que le non amour m’a obligé à m’aimer, à me rencontrer, à m’estimer car je n’ai pu compter que sur moi même pour me hisser hors des sables émouvants. Vous savez ces sables étouffants de la redevabilité, là où la culpabilité et la soumission engluent les mouvements amenant la liberté d’être.
Il m’a fallut du temps, de la patience, de la volonté et du courage pour enfin obtenir la coupe gagnante de ma liberté d’être. À chaque acte manqué j’ai rejoué, à chaque faux pas j’ai dansé, à chaque doute j’ai recommencé, encore et encore pour enfin à ce jour affirmé haut et fort j’y suis arrivée, je suis sur le podium de ma vie, et le prix reçu est ma liberté, mon pouvoir, mon royaume, ma victoire… et aujourd’hui je peux aimer avec discernement et entièrement car je sais ce qu’est le non amour… un espace vide où l’on peut mettre de l’amour authentique et inconditionnel à condition de ne pas s'oublier dans l'équation...
je suis ce que je suis et le non amour m’a sauvé car il m’a permis d’être autonome et libre dans l’amour de moi même.